4 janvier 2018

TERMINUS ELICIUS, KARINE GIEBEL



"Elle aimait l'exactitude et détestait les approximations. Ce qui n'était pas parfait,ce qui n'était pas à sa place. Les livres écornés, les crayons mal taillés, les vêtements mal repassés. Les hommes mal rasés."


COUP DE CŒUR
Une superbe découverte malgré  que ce soit un genre que je ne lise pas habituellement. Une ambiance étouffante et des personnages complexes et difficiles à cerner, on ne sait vraiment comment appréhender cette histoire tant on est confus, et complètement déstabilisé par les deux protagonistes.











Istres-Marseille. Pour Jeanne, la vie est ponctuée par cet aller-retour ferroviaire quotidien entre son travail de gratte-papier au commissariat et la maison de sa mère. Elle attend néanmoins qu'un événement vienne secouer le fil de son existence: un regard, enfin, du capitaine Esposito? La résolution, peut-être, de cette ffaire de serial killer qui défraie la chronique phocéenne? "Vous êtes si belle, Jeanne Si touchante et si belle." Ce soir-là, une lettre, glissée entre deux banquettes, semble combler toutes ses espérances. Un peu trop, même. Car derrière le mystérieux soupirant se cache le meurtrier tant recherché par la police. Commence alors une correspondance amoureuse qui, pour Jeanne, n'aura de terminus qu'au bout de l'enfer...

Comme je l'avais annoncé sur les réseaux sociaux, je ne suis pas du tout adepte des thrillers. J'ai plusieurs fois été dans l'obligation d'en lire, pour les cours notamment, et ça a toujours été un échec, c'était un calvaire d'arriver à la fin du bouquin, et ce, si j'arrivais à en voir le bout. Non, vraiment, c'était typiquement le genre de bouquin que j'évitais automatiquement. Vous imaginez donc un peu mon doute quand j'ai reçu Terminus Elicius. Le résumé m'avait l'air plutôt intriguant mais j'était toute de même septique. Assez motivée, je  m'y suis tout de même plongée et quelle découverte ! Si je vous affirme que c'est un coup de coeur, croyez moi sur parole ! 

Tout ce qu'il a à savoir se trouve dans le résumé : Jeanne, petit bout de femme timide, craintive, et douteuse, vivant au dépend de sa mère, est piégée dans une quotidien des plus répétitif. Et cela on le ressent parfaitement bien car le récit se situe sur trois lieux majeurs. Chez elle et sa mère, dans le train qu'elle prend tous les jours qui l'amène ou la ramène du commissariat, et le commissariat lui-même où elle exerce son travail. On ne se disperse pas ici et là, car toute l'intrigue se déroulera au sein de ses trois endroits. C'est restreint, assez étouffant par moment, mais c'est le but recherché et on a cette impression de se trouver piégé dans cette routine, de subir le sort de Jeanne. 

Et cette atmosphère ne serait pas aussi pesante si les lettres d'Elicius n'y participaient pas. A chaque instant où Jeanne met les pieds dans son train on a automatiquement ce doute et cette appréhension. Aura t-il laisser une lettre aujourd'hui entre les sièges du wagon ? On les redoute mais d'un certain côté, on les attend avec tant d'impatience que s'en est parfois angoissant. Car au final, ce n'est qu'à partir de ses simples lettres que nous apprenons à connaitre Elicius. Parmi ces lignes, il se révèle, tente de faire comprendre à sa correspondante les raisons de ses meurtres sans jamais réellement lui révéler les véritables causes. Il reste un mystère et pourtant, on a cette impression de discerner un peu plus le personnages au travers des lettres, de savoir quel mal le ronge. 

Et s'en est déroutant, car j'étais si départagée sur son compte. Tant à certains moments, je ressentais de la compassion à son égard et tentais de donner une raison valable à ses actes, tant parfois, je le craignais et le considérais comme un monstre. Notre avis change de tout au tout au fil des chapitres, et j'avais cette impression que c'était moi qui commençait à devenir dingue. Tout comme Jeanne d'ailleurs. De même, elle semble apeurée par cet inconnu aux actes innommables, comme à certains moments, elle se laisse bercer par ses mots doux qui la séduisaient. Alors là, on a juste l'envie de la secouer, de lui ouvrir grand les yeux. Est-elle cinglée ? Alors qu'en réalité, je ressentais cette même confusion.  

Karine Giebel a véritablement une très belle plume, sa façon d'amener les évènements, de nous présenter les personnages... L'ambiance général qui pèse sur l'histoire est angoissante. Le personnage d'Elicius est complexe, mais il ne faut pas sous-estimer celui de Jeanne, car au delà de ces petites manies, et de l'image qu'elle renvoie, elle est très compliquée à cerner et les révélations sur son compte sont tout aussi surprenante que celles qui pèsent sur Elicius. 

Appel à ceux qui, comme moi, n'apprécie pas ce genre littéraire : tentez le coup, et commencez par ce livre. Je ne pense pas pouvoir de suite me lancer dans un tas de thrillers mais je pense pouvoir apprécier le genre avec un peu de temps et quelques bonnes découvertes. Alors si vous avez quelques titres à partager, n'hésitez pas ! 

288 PAGES  2015 — EDITIONS FRANCE LOISIRS

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